Jean-Michel Gnidzaz

 
 

De Jean-Michel Gnidzaz, on connaît surtout les compositions abstraites bi et tridimensionnelles qui marquèrent son oeuvre dans les années 1990.

Usant de jeux de collage et de pliage de simples feuilles de papiers, d’agencements géométriques rigoureux, de contrastes colorés directement efficaces, l’artiste revivifiait alors la tradition cinétique sur un mode non spectaculaire. Jean-Michel Gnidzaz s’inspirait ainsi de l’essence conceptuelle des travaux de Soto plutôt que de leur tendance au gigantisme, et refusait la précision aseptisée d’autres peintres du mouvement cinétique au profit d’une touche personnelle redonnant une place essentielle au geste, à une certaine performativité de la peinture. Au fil de ses recherches, Jean-Michel Gnidzaz a ainsi pu produire une oeuvre forte, capable de se démarquer avec impertinence des figures tutélaires qui jalonnèrent sa formation à l’Ecole des Beaux-Arts de Toulouse et les débuts de sa carrière artistique.

Après une décennie de réflexion consacrée aux compositions géométriques, Jean-Michel Gnidzaz rompt aujourd’hui avec la pure abstraction, et donne une nouvelle orientation à son travail. Depuis 2003, il initie une nouvelle série de portraits consacrées aux icônes culturelles du XXème siècle. Frappé par la persistance dans l’inconscient collectif de certaines images ou photographies de personnalités culturelles majeures du XXème siècle, en particulier de celles qui sont synonymes d’une rébellion face à l’ordre établi, Jean-Michel Gnidzaz questionne ici leur statut iconique. En neutralisant le background de la photographie originelle, en recomposant le portrait à partir de jeux de bi et de trichromies, d’aplats et de bandes colorées alternées qui réintroduisent un certain cinétisme, il prive ces incunables de l’histoire contemporaine d’une identification trop immédiate. Ainsi écartées pour un instant du consensus, du respect convenus qu’on leur réserve habituellement, ces idoles populaires retrouvent une certaine capacité à invectiver le spectateur. Le processus pousse à prendre un recul historique prompt à faire évoluer nos questionnements : que signifieraient aujourd’hui les Beatles, James Dean, ou même Coluche dans notre société ; quelle place occuperont-ils dans les esprits des générations futures ; échapperont-ils au statut décoratif auquel l’exploitation mercantile de leur image les a relégués ? Nul, n’en a encore la réponse, mais le travail de Jean-Michel Gnidzaz interroge à bon escient. Cette nouvelle série de portraits, et le flot de questions qu’elle soulève se posent à coup sûr comme un nouveau jalon essentiel dans son parcours artistique et nous rend curieux de ses développements futurs.

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